jeudi 22 septembre 2011

Deux petites réflexions sur la démocratie


Publié sur le site www.bela.be (SACD) le 20 septembre 2011

Notre européenne Belgique, qui s’offre le luxe de vivre sans gouvernement depuis plus d’une année (remercions les nationalistes de tous bords), présente aujourd’hui une croissance supérieure à celles de ses voisins et un taux de chômage en baisse malgré la crise lancinante qui ronge les finances mondiales[1]. De quoi faire des jaloux dans les alentours. Bravo ! L’administration fonctionne, c’est sûr et certain. La Présidence européenne de l’an dernier, qualifiée d’exemplaire, en est une autre preuve indiscutable.
Mais quelque chose me chipote… Si un état fonctionne sans gouvernement, certains ne vont-ils pas sauter sur l’occasion : à quoi bon alors en vouloir un à tout prix ? Quelques directeurs ne suffirait-il pas pour naviguer fièrement au travers des remous du cours des choses ? Quelques techniciens, quelques banquiers ? Tiens, tiens… Ces Ministères, ces cabinets, ces dépenses ! Ces élections ! Ces citoyens, allons bon ! Ne risque-t-on un jour de voir quelques-uns, chatouillés par ces idées, ranger dans un placard notre démocratie, notre droit de citoyen à émettre des choix ? Mais le Peuple, me direz-vous, le Peuple lors des grands tournants de l’histoire, ne prend-il pas son destin en main ? Sans doute, sans doute… Mais je le trouve bien endormi, le Peuple, Mesdames, Messieurs… Et les indignés, me direz-vous ? C’est très bien de s’indigner, Mesdames, Messieurs, mais cela ne suffit pas, encore faut-il avoir quelque chose à proposer.

Dans mon pays d’adoption, l’Italie, ce trésor de la méditerranée bien mis à mal aujourd’hui, le petit Ubu, septuagénaire et demi, qui Préside le Conseil des Ministres (le Premier Ministre, si vous préférez), allonge des billets pour pouvoir caresser les fesses de jeunes filles qui n’hésitent pas à flatter le grand-père concupiscent pour rembourrer leur tirelire. Il n’y a sans doute pas là de quoi fouetter un chat, ce petit monde est consentant et je n’ai rien contre les obsédés sexuels, mais…
Mais nous avons appris que le petit Ubu méridional, si sûr de lui, de sa valeur, de sa pertinence, de son talent, donc, tellement convaincu du caractère indispensable de sa présence à la tête du gouvernement, achetait les voix de certains députés lors des votes où sa majorité risquait d’être mise à mal… Un coup bas dans le ventre de la démocratie et, hélas, sommet d’un iceberg dont-il vaudrait peut-être mieux ne jamais connaître l’entièreté. Tarif d’usage : 150 000 €. Il y a des putains qui coûtent vraiment les yeux de la tête, mais le petit Ubu peut s’offrir le monde s’il le veut.

Stanislas Cotton, septembre 2011


[1] Dans le journal Le Soir du vendredi 9 septembre 2011.

vendredi 9 septembre 2011

MATIN


Ce gris ciel bas
Matin courbé
Printemps Mort-né
Dans les bras

Matin penché sur sa tasse
Regarde étonné
La tache noire du café
Sur la blancheur de la nappe

Tu salis tout Toi

Ce gris ciel bas
Ce gris-là
Engonce l’âme dans l’étroit
S’y noie ce matin-là